Normandie Web : Formigny | |
Région : Basse-Normandie ||
Département : Calvados ||
Canton : Trévières ||
Habitants : 234 ||
Auteur : Olivier Renaudeau - olivier.renaudeau@culture.fr Curiosités : |
En six étapes, voici le déroulement de la bataille de Formigny. Deux éléments sont cependant à prendre avec prudence ; il est en effet relativement difficile de localiser précisément les positions des troupes qui ont pu se rencontrer un peu plus au nord du site (le ruisseau de Formigny, cité dans les chroniques et derrière lequel les anglais se mettent à l'abri après leur repli, est par contre un repère sûr). D'autre part, la topographie exacte des lieux au milieu du XVe siècle, la position des chemins, des haies, des bois et des maisons, nous est inconnue.
Alors qu'ils levaient tranquillement le camp et s'apprêtaient à reprendre la route de Bayeux, les anglais sont rejoints par l'armée de Clermont, venant de l'ouest, bien décidée à interrompre leur marche. Fidèle à la bonne vieille stratégie anglaise, Kyriel fait mettre ses troupes en bataille, les archers devant, protégés par des pieux et attend.
Tous les cavaliers descendent de cheval, seuls restent montés ceux qui font parti de la réserve, sur le flanc gauche, au sud. Le flanc droit, au nord, est renforcé par un petit réduit fortifié, un " taudis ".
Clermont, particulièrement prudent, maintient son armée hors de portée des flèches anglaises et ne fait avancer que son artillerie, qui commence à faire des ravages parmi les archers ennemis.
Exaspéré par les pertes que cause parmi ses archers l'artillerie française, Kyriel fait envoyer contre elle une compagnie de hallebardiers, qui met à mal les artilleurs ennemis. Ces derniers y perdent deux couleuvrines et doivent cesser leur tir. Clermont commence à être particulièrement inquiet : si son armée est encore intacte, elle est inférieure en nombre à celle de Kyriel et aucune nouvelle ne lui est parvenue du Connétable de Richemont dont il attend des secours.
Pour dégager les artilleurs français, Pierre de Brézé lance un assaut vers les fantassins ennemis. La lutte entre vougiers et hallebardiers est particulièrement vive, au milieu des canons muets, des tonneaux de poudre et des mantelets lardés de flèches. Finalement, les français parviennent à reconquérir leurs pièces d'artillerie, tandis que les anglais rejoignent leurs lignes. Sur les hauteurs dominant le champ de bataille, vient d'apparaître une armée que les anglais, avec force hurlements de joie, prennent d'abord pour celle envoyée en renfort par le duc de Somerset.
Malheureusement pour les anglais, cette nouvelle armée qui se profile sur la crête est celle du Connétable de Richemont qui, à marche forcée et guidé par les coups de canon, rejoint enfin son allié français.
Examinant rapidement la situation, Richemont divise son armée en deux ;
La cavalerie, commandée par le bâtard de la Trémouille, dévale la colline et vient heurter les cavaliers de la réserve anglaise. Ces derniers, surpris, finissent par se replier vers le village de Formigny, à l'arrière de leurs troupes L'infanterie bretonne, quant à elle, passe le ruisseau et va rejoindre le gros de l'armée française où elle est accueillie avec chaleur.
Sous le coup de la charge des bretons, Kyriel perd son sang froid. Il ordonne le repli de toute son armée derrière le ruisseau de Formigny, rendant ainsi inutilisable les retranchements derrière lesquels s'abritaient ses archers. Il permet ainsi l'achèvement de la jonction entre bretons et français. Appuyés le dos au village et aux haies des vergers, les anglais sont bien décidés à tenir le pont qui défend leurs lignes.
Les français s'en prennent d'abord au taudis qui défendait le flanc droit de l'armée ennemi et le neutralisent. Puis ils se lancent à l'assaut du pont, là ou une trentaine d'années plus tard, Jean, devenu duc de Bourbon, fera édifier une chapelle en action de grâce pour sa première victoire militaire.
Déstabilisés, ayant perdu leur cohésion et leur effet de masse au milieu des jardins et des vergers, les anglais ont du mal à résister aux assauts franco-bretons, sauf au niveau du pont, où la lutte est acharnée. Malgré leur vaillance, les capitaines anglais sont obligés de se rendre, comme Kyriel, leur chef, blessé au combat. Les soldats de moindre envergure sont poursuivis dans les jardins du village et achevés sur place, les paysans des environs se mettant de la partie pour achever de détruire ce qui reste de l'armée anglaise. Mathieu Gough et De Vere réussissent à fuir en bon ordre jusqu'à Bayeux, avec un millier de combattants. 4000 morts environ seront relevés sur le champ de bataille, enterrés dans 14 fosses creusées sur le site.