Normandie Web : La Vieille-Lyre | |
Région : Haute-Normandie ||
Département : Eure ||
Canton : Rugles ||
Habitants : 579 ||
Auteur : Laurent Ridel - l.ridel@wanadoo.fr Curiosités : Célébrités : frères Le Masson |
Avant de vous présenter le village, il m'est sûrement nécessaire de vous le situer. Cela s'avère délicat. Les grandes villes sont plutôt éloignées. Alors je me contenterai d'une situation assez vague : La Vieille Lyre se trouve dans le sud-est du département de l'Eure, une région qu'on appelle le Pays d'Ouche. Le cour du village s'étend sur un versant de la vallée de la Risle.
Pour les Normands du Moyen-Age, la localisation de la Vieille Lyre était sûrement plus connue que par les Normands d'aujourd'hui. En effet, un monastère, l'abbaye Notre-Dame de Lyre, y était installé depuis l'an 1046. Son fondateur s'appelait Guillaume Fils Osbern, ami d'enfance de Guillaume le Conquérant. La Révolution a malheureusement chassé les moines et entraîné la ruine des bâtiments. L'abbaye détruite a laissé place à des prés et des maisons d'habitation. Au plus, peut-on encore voir le logis de l'abbé juste en contrebas de l'église (paroissiale). A quelques 200m de là, des particuliers conservent quelques caves, creusées dans la pente, dans lesquelles les moines de Lyre entreposaient leurs tonneaux de vin. Un vin probablement local puisqu'il existait encore au XVIème des vignes sur les coteaux du village. Cette culture a disparu tout comme la Vierge en or qu'on dit cachée autrefois par les moines dans un des souterrains de la commune.
Même si le village existe peut-être depuis l'antiquité (une voie antique le traverse) son essor date du Moyen-Age. Un essor en partie lié à l'installation de l'abbaye. A coté des bâtiments, s'est formée la petite agglomération. Deux foires par an s'y déroulaient. Les moines et les paysans sont aussi partis à la conquête des plateaux environnants. Ils y ont défriché une partie de la forêt de Conches pour y installer des fermes et des champs. Ainsi sont nés les hameaux et lieux-dits du village (la Bourgeraie, la Seigleterie, la Bosselette, le Melbuc, le Mesnil). La vallée témoignait également d'une forte activité à l'époque médiévale : quatre moulins utilisaient les eaux de la Risle pour moudre le grain ou foulonner les draps. Il n'en reste malheureusement pas grand chose : juste des vannages et des canaux. Au lieu-dit Rouge-Moulin, reste tout de même la roue hydraulique en bois. Toujours dans la vallée de la Risle, dans le hameau de Trisay, une importante forge utilisait le minerai de fer que l'on extrayait autrefois dans le Pays d'Ouche.
J'écris à l'imparfait car moulins, forges, foires ont perdu leur activité actuellement. L'économie de la Vieille Lyre s'est reconvertie. Les cultures de céréales et de maïs ont partiellement remplacé les 15000 pommiers qui poussaient dans la seconde moitié du XIXème siècle. Le commerce est quasi inexistant (juste un cafetier) alors qu'on en comptait quatre au début du XXème plus un cordonnier, un marchand de cycles et un coiffeur. Le commerce, c'est plutôt le rôle de la commune voisine La Neuve Lyre. La Vieille Lyre, elle, s'est tournée vers d'autres activités : la commune compte sur son territoire une entreprise d'une centaine de salariés : la Société Nouvelle le Boulch (fabrique de remorques agricoles et épandeurs à fumiers). Des établissements plus modestes notamment liées au travail du bois (scierie, menuiserie, charpente) forment un bon tissu artisanal. Un dernier renseignement pour les marcheurs : vous pouvez traverser la Vieille Lyre et parcourir la vallée de la Risle en suivant le chemin de Grande Randonnée (GR) 224.