Située au pied du Cotentin, à égale distance de Carentan et de Saint-Lô, sur la rive gauche de la Vire, Saint-Fromond 668 habitants en 2000, a une superficie de 1551 ha dont 1/3 est constitué par du marais appelé aussi le « bas-pays » dont l[base ']altitude n[base ']excède pas 2 mètres au-dessus du niveau de la mer ; l[base ']hiver, cette partie de la commune est recouverte d[base ']eau , on dit que « le marais est blanc ». Dominant le marais, le « haut-pays » atteint 50 mètres d[base ']altitude dans le bois de la Dairie.

Avec la richesse de ses gras pâturages, le sous-sol argileux a longtemps constitué la prospérité et la renommée de la commune. L[base ']argile servait à la fabrication de tuyaux de drainage, de tuiles, de briques et d[base ']éléments de couverture. Ainsi est créée en 1898 une tuilerie qui produit en 1913 1,5 millions de tuiles et 1,2 millions de briques. Lorsque cette entreprise ferme en 1977, faute de matière première de qualité, elle appartient à la société « Les Tuileries de Beauvais » qui met alors 137 personnes au chômage. En 1981, sur ce site est créée l[base ']Union Chimique Européenne qui se spécialise dans la purification d[base ']acides servant à l[base ']industrie du semi-conducteur ; rachetée par le groupe anglais Laporte, elle prend le nom de « Laporte Electronics France ». En 2000, cette entreprise emploie 70 personnes.

PRINCIPALES CURIOSITES :

L'EGLISE ABBATIALE

C'est vers 650 que Fromond venant de Brévands arrive pour fonder un monastère. Il meurt évêque de Coutances en 690 ; enseveli dans son monastère, Saint-Fromond devient un lieu de pèlerinage.

En 871, le monastère est pillé et détruit par les Normands venus par la Vire ; il n'est reconstruit qu'en 1021 par Robert le Hommet, seigneur de la Rivière.

En 1080, du consentement de l'évêque Geoffroy de Montbray et de Guillaume devenu roi d'Angleterre, Guillaume du Hommet rattache le monastère à l'abbaye de Cerisy qui devient alors prieuré.

L'église reconstruite est consacrée le 16 mai 1154 par Richard de Bohon. Elle est style roman normand et se prolonge de 16 mètres plus à l'ouest que le portail actuel. De cette époque, ne subsistent que le portail et la forme cylindrique de l'abside.

Un incendie détruit l'église au 15 ème siècle ; elle est aussitôt reconstruite par le prieur Laurent Leclerc en style flamboyant très sobre.

Peu à peu, la nef qui est réservée à la paroisse et au clergé séculier n'est plus entretenue et en 1764, il est décidé d'abattre cette nef devenue très dangereuse. Le prieur abandonne ses droits sur l'église du prieuré, où faute de religieux, il n'y a plus de culte conventuel.

Les combats de la Libération entre le 9 juin et le 7 juillet 1944 mettent le bâtiment en péril et il faut toute la détermination de l'abbé Morel pour qu'il ne soit pas rasé.

Ses principales richesses sont ses stalles, [ogonek]uvre des huchiers de Cerisy qui datent de 1490, une Vierge à l'enfant en pierre calcaire polychromée du 15 ème siècle, deux tables d'autel en pierre calcaire chanfreinée de 1490, une cuve baptismale en pierre de granit du 15 ème siècle, la pierre tombale en calcaire gravée au trait et martelée du prieur Joachim de Mathan (1637) ainsi que l'épitaphe en marbre noir du même de Mathan, deux confessionnaux en pierre calcaire sculptée du 19 ème siècle.

CHATEAU DE LA RIVIERE

Construit vers 1090 par Odon de Carteville, demi-frère de Guillaume Le Conquérant, à la même époque que le Château de Neuilly, le château de la Rivière était alors battu par les mouvements de la mer.

Geoffroy de Montenay, seigneur de la Rivière, à la fin du 13 éme siècle promit aux religieux du prieuré de Saint-Fromond l'assiette sur son fief de vingt sols tournois de rente en récompense des obligations de la chapelle qu'il devait construire dans son manoir. Le château resta propriété de cette famille jusqu'en 1462, date à laquelle il fut acheté par Christophe de Cerisay.

En 1698, le château entra dans la famille d'Argouges pour plusieurs générations.

La princesse de Montmorency-Luxembourg, baronne du Hommet la Rivière fut la dernière occupante de noble lignée en 1818.

Différents propriétaires se succédèrent alors.

Actuellement le propriétaire du château est le camping-club de France qui ouvre ses portes à des naturistes.

CANAL VIRE ET TAUTE

Le projet de construire le canal Vire et Taute est né de la difficulté et du coût pour se procurer de la tangue dans la région de Saint-Lô. Il reprenait celui de Vauban qui avait envisagé de doter Carentan d'un important entrepôt maritime en unissant par dérivation la Vire au port de Carentan.

L'adjudication de la concession du canal Vire et Taute et de la canalisation de la Vire de Saint-Lô à Porribet (20,9 km)fut passée le 23 avril 1835 au bénéfice des sieurs Seguin et Colin auxquels se substituèrent le 4 septembre 1838 les sieurs Mosselman et le Maire.

Long de 11 500 m, le canal a été ouvert à la navigation le 15 septembre 1839. Il comprenait 3 biefs :

• Le bief du Porribet ( 275 m )
• Le bief de la Tringalle ( 3 832 m )
• Le bief des Ormes ( 7 393 m )

Trois écluses permettaient d'absorber la dénivellation de 2,13 mètres entre la Vire et la Taute.

Sur son parcours, furent installés 7 ports. Le canal connut son apogée à la fin du 19 éme siècle et au début du 20 éme ; le tonnage moyen annuel s'élevait alors à 12 530 Tonnes.

Peu à peu, la navigation déclina et le canal fut mis au chômage en 1938 et rayé de la nomenclature des voies navigables maintenues dans le domaine public fluvial par un décret du 27 juillet 1957.

FOURS A BRIQUES DU PORRIBET

Le drainage pour les terres humides était à la mode dans la première moitié du 19 éme siècle et Alfred Mosselman, l'instigateur du canal Vire et Taute et de la canalisation de la Vire créa vers 1854 à Porribet une usine à tuyaux de drainage.

Trouvant la matière première, l'argile, à proximité, l'usine, dont ne subsistent que deux fours produisait en 1859, 500 000 tuyaux de drainage. Administrée par la Compagnie Chaufournière de L'Ouest, elle fabriquait aussi des briques réfractaires et ordinaires et des tuiles.

La proximité des voies navigables : la Vire et le canal Vire et Taute, facilitait l'écoulement de la production qui fut couronnée à plusieurs reprises dans les concours régionaux par des médailles d'or.

Cette usine cessa de fonctionner vers 1875, elle fut remplacée par d'autres usines situées plus en « haut-pays », Airel Lison et à Saint-Fromond ( en 1898 ).

Le four circulaire était dit « à flammes directes ». Les flammes pénétraient dans le four par cinq alandiers ; la température atteignait environ 1 000°. Les flammes montaient à travers les empilages de produits pour s'échapper par la cheminée en briques.

LE MARAIS

Il constitue toujours une richesse agricole notamment lorsque la sécheresse en été menace, alors le marais continue à produire une herbe abondante et grasse. Milieu sensible, le marais recèle une grande variété faunistique et floristique.

La plus grande partie des 500 ha appartient à des particuliers rassemblés dans une association syndicale de la basse vallée de la Vire qui entretient les limes et digues. La commune possède 89 ha depuis 1622.

En effet, le riche prieur Joachim de Mathan donna à cette date « 400 vergées » de terre de marais pour les pauvres de la paroisse. Cette donation accorda longtemps à des gens de modeste condition le droit de mettre à paître des bêtes dans ce marais devenu communal. Au début du 20 éme siècle, il est fractionné en parcelles « bannies » chaque année (chaque parcelle est louée au plus fort enchérisseur). Le produit de cette location est ensuite distribué aux habitants de la commune. Pour toucher son « droit de marais », il faut résider dans la commune depuis plus d'un an et être inscrit sur un registre spécial. La distribution des droits a lieu peu avant Noël en mairie en présence du percepteur, du maire et de conseillers municipaux. Un bébé né le matin de la distribution acquiert son droit, une personne décédée au même moment le perd.

Actuellement, le marais communal est loué par bail de trois ans renouvelable.