Document rédigé par Bernard PLUMEY pour la Mairie de la Saussaye
Origine du Château de Beaulieu - La Révolution (XVIIè - XVIIIè - XIXè siècles)
Peu d'événements notables au XVIIè siècle : c'était une époque de vie facile et oisive pour les Chanoines, marquée par de nombreux rappels à l'ordre de l'Evêché d'
Evreux.
Les Chanoines vivaient dans des habitations séparées chacune avec un petit jardin, réparties tout autour de la Place du Cloître, sur la pelouse.
Vers 1690-1700, Henri de Lorraine fit construire pour une courtisane, un château aujourd'hui délabré, qui se trouve dans le prolongement de l'allée de stilleuls, au fond de la pelouse.
Cet édifice, à un seul étage, co;portait en sous-sol deux étages de caves, le deuxième à douze ètres de profondeur. Les caves seraient antérieures au château et araient été utilisées par le sTempliers, du temps de Guillaume d'Harcourt comme leiu de réunion et de protection. Depuis, on a découvert (vers 1970) au "Harcourtchat", dans les bases de la tour, une salle qui pouvait abriter des chevaliers en armes et leur monture. Ceci confirmerait le rôle des caves du château.
Le jardin et les allées du parc furent tracés par LE NOTRE vers 1698.
Beaucoup plus tard, au début du XXè siècle, cette belle demeure portait le nom de son propriétaire du moment : "le château de Beaulieu". Les De Beaulieu étaient apparentés à la famille de Bosteney (une rue à
La Saussaye).
En 1944, le château, réquisitionné par les Allemands, servit de cantonnement et dépôts d'essence (les fûts étaient dissmulés aux aviateurs anglais par l aramure généreuse des grands tilleuls). Un groupe de SS stationnait là. Il participa à la bataille de Caen. Les habitants de
La Saussaye purent voir le retour du Capitaine, sur une jeep, grièvement blessé. Il mourut au château.
Maintenant oublié et abandonné, le château a pratiquement disparu.
A la fin du XVIIIè un relevé, reprit par l'historien Saint-Denis, dénombrait cinquante habitants à Saint-Nicolas du Bosc Asselin et vingt-deux "feux" à
La Saussaye.
1789 : La population salua avec enthousiasme la Révolution et réclama dans ses cahiers la suppression des "dîmes vertes" (le 1/10è des récoltes) et des "dîmes de charnage" (sur les animaux nourris de grains et de paille).
Le doyen des Chanoines, soucieux de rallier le mouvement populaire, demanda et obtint l'autorisation, en 1790, de former une première assemblée municipale à
La Saussaye.
Le 5 janvier 1791,neuf chanoines sur douzes prêtèrent serment comme "prêtres constitutionnels".
En 1792, la patrie fut déclarée en danger. Appel fut fait à des volontaires. La Saussaye en fournit deux qui partirent aussitôt pour l'armée
Le 22 novembre 1793, Ricalte fit ouvrir les tombeaux des seigneurs d'
Elbeuf-sur-Seine. Le plomb des cerceuils et une partie de celui de la toiture de l'Eglise furent envoyés au chef-lieu : On en fit des balles. Les cloches, démontées également, servirent à fondre des canons.
En 1794, deux arbres de la Liberté furentplantés : un à La Saussaye, l'autre à Saint Nicolas. Il semble que ce dernier soit l'un des plus vieux hêtres du vaste clos Saint-Nicolas (au sud de la rue Frédéric Raux).
Cette même année, le Maire reçut l'injonction de faire cultiver la betterave et la pomme de terre dans la Commune.
Le 22 janvier 1808, la Commune de
La Saussaye fut supprimée : son territoire était rattaché à celui de Saint-Martin-la-Corneille. L'Eglise Saint-Louis devint le temple paroissial commun.
La même année, l'Eglise de Saint Nicolas du Bosc Asselin, en ruines, fut détruite (ses restes sont probablement les vieilles pierres moussues encore apparentes dans le Clos Saint-Nicolas).
Le 17 mai 1846, une loi rétabli la commune de La Saussaye : il y était adjoint cette fois,
- Saint-Martin la Corneille,
- Saint-Nicolas du Bosc Asselin,
- et le hameau du Canoël, enlevé à la commune de Thuit-Anger.
En 1885, l'historiren Saint-Denis écrivit une histoire de La Saussaye. Il y est fort sévère sur le comportement des Chanoines, et pourtant, on y lit ceci : « Un prêtre cependant doit être cité pour sa générosité : c'est l'Abbé Bellemin, ancien chanoine, qui légua à la Commne toute sa fortune pour y fonder un bureau de bienfaisance ». Il mourut aveugle. Une rue garde son souvenir.
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