Voir aussi : Lestre, Entre Mer et Bocage

La commune de Lestre a été composée après la Révolution par regroupement d'anciennes paroisses, Anglesqueville-Lestre, Tourville et Hautmoitiers.

LESTRE: sans doute du bas-latin "extera" qui désignait les extérieurs d'une propriété. Sens qui s'est conservé dans l'ancien français l'"estre", qui pouvait alors désigner aussi bien le jardin d'une maison que le fossé d'un ouvrage fortifié.

ANGLESQUEVILLE: le mot "ville", qui désigne un domaine rural, est précédé de l'adjectif de l'ancien français "anglesque", forme dialectale normande issue du latin tardif "angliscus", "d'Angleterre": pour René Lepelley, professeur émérite de dialectologie normande de l'Université de Caen, on peut considérer que les localités qui portent ce nom ont été "colonisées" par des Anglais, au point d'être désignées par ce nom: le domaine des Anglais.

TOURVILLE: de "Thori", un nom de personne scandinave dont la base est le nom du dieu Thor, dieu de l'air, des saisons et des orages; et de "villa" = domaine.

HAUTMOITIERS: du latin "monasterium", église: l'église sur la hauteur.

LE SAINT PATRON:

FÊTE COMMUNALE:

POPULATION:

229 habitants en 1999; 257 en 1990. En baisse: - 10,9%.

SUPERFICIE:

7,5 km2

BUDGET 1999:

Fonctionnement: 650 000 F.

Investissement: 433 000 F.

ENTREPRISES:

Les Clôtures du Cotentin (fabrication de produits en béton): 20 emplois.

La zone ostréicole: 10 ostréiculteurs totalisant une 30e d'emplois et une entreprise de commercialisation des produits de la mer employant une 15e de salariés.

Un abattoir de volailles.

ARTISANS:

Aucun.

COMMERCES:

Aucun. Le dernier, l'épicerie Mabire, au Bourg de Lestre, sur la route de Quinéville, a fermé vers 1995. Il reste un point de livraison de bouteilles de gaz devant l'ancienne épicerie.

SERVICES:

Plus d'école, fermée en 1978. La carte scolaire répartit les enfants de Lestre selon l'axe de la route Quettehou-Ravenoville entre le regroupement pédagogique de Quinéville-Saint-Marcouf et les écoles maternelle et élémentaire de Montebourg. Des enfants de la commune sont inscrits à l'école Notre-Dame à Montebourg, maternelle et élémentaire.En secondaire, les jeunes sont scolarisés au collège public de Montebourg et au collège privé de l'Abbaye de Montebourg. Il n'y a pas de jeunes en âge du lycée (année scolaire 1999-2000).

Plus de prêtre depuis longtemps: la commune fait partie de la paroisse Saint-Jacques de Montebourg. Le presbytère (ancien prieuré-cure confié à un religieux Prémontré de l'abbaye de Blanchelande avant la Révolution) a été transformé en mairie en 1987.

Médecins, infirmiers, dentiste, poste, perception, commerces à Montebourg. Les gens de Lestre vont aussi à Valognes et à Quettehou.

Pas de ligne de bus, sauf le vendredi, entre Valognes, Montebourg et Saint-Vaast-la-Hougue.

AGRICULTEURS:

10 agriculteurs à la tête d'élevages laitiers.

NOMBRE DE BOVINS:

1 300

NOMBRE DE CHEVAUX:

13

LOISIRS:

Un centre équestre au Hameau Dujardin, qui fonctionne tout au long de l'année.

POLITIQUEMENT:

Aux élections présidentielles de 1995:

Inscrits: 208.

1er tour:

Extrême-gauche: 3,2%. PC: 12,7%. PS: 9,6%. Ecologistes: 1,3%. Droite: 64,3%. FN: 8,3%. Abstentions: 21,6%.

2e tour:

Chirac: 63,8%. Jospin: 36,2%. Abstentions: 19,7%.

Aux européennes de 1999:

Les chasseurs (CPNT) font 22,1%. Abstentions: 52,6%.

Nombre d'inscrits en 1999: 194.

PATRIMOINE:

La chapelle Saint-Michel, chapelle en partie romane (XIIe) caractérisée par une abside semi-circulaire voûtée en berceau. Extérieurement, la maçonnerie est soutenue par des contreforts plats, et la corniche est garnie d'une couronne de modillons sculptés de symboles géométriques ou de figures grimaçantes (fréquents dans les petites églises du Cotentin).

Elle a été un des premiers monuments classés au XIX e siècle: elle avait attiré l'attention de Prosper Mérimée.

La Cour de Lestre, XIIe-XVIIe, manoir-ferme qui fut la demeure des seigneurs de Lestre. Aujourd'hui exploité par un éleveur, Pierre Godefroy, dont le cheptel est majoritairement constitué de vaches normandes. Il a succédé à son père, Raymond Godefroy, écrivain paysan, qui a publié plusieurs recueils de contes, lequel avait succédé à son père. L'épouse de Pierre Godefroy, Catherine Monthulé, a son atelier de sculpture à la Cour: son inspiration: la femme et surtout, la mère. Très belles formes sobres, aux lignes très pures. Terre et bronze.

Le château de Tourville, XVIIIe, son parc, traversé par la Sinope, et, à proximité, la tour envahie de lierre de l'ancienne église de Tourville.

Le manoir de la Hougue, XVIe.

Le presbytère, XVIIe.

LES MAIRES DEPUIS 1945:

Louis Lemarquand, décédé en 1965, quelques jours après avoir été réélu maire.

Jacques de Beaufort, ancien militaire, agriculteur, maire jusqu'en 1995, décédé en juin 1999 (il était propriétaire du château de Tourville, aujourd'hui vendu).

René Lefauconnier, éleveur, maire depuis 1995.

A LA SAINT-MICHEL

La chapelle Saint-Michel, sur sa butte au-dessus de la Sinope, a attendri le c[ogonek]ur d'un peintre graveur du XIXème siècle, valognais de naissance, Félix Buhot, qui en a traduit le savoureux environnement ans des gravures célèbres. Prosper Mérimée, ému par la détresse romane de la chapelle, l'a classée Monument Historique. En 1971, une association de sauvegarde s'était créée pour la mettre hors d'eau, et lui redonner vie... La belle s'était à nouveau endormie jusqu'à l'été 1999: le comité des fêtes, l'association Saint-Michel et la paroisse ont invité à un rassemblement autour de la chapelle, avec messe et trompes de chasse. Une tradition est en train de renaître.

LES ENTREPRISES Deux secteurs économiques importants sur Lestre, à l'échelle de la commune: les "Clôtures du Cotentin", dans le domaine du bâtiment, et les ateliers de la zone ostréicole inaugurée en 1986.

"Les Clôtures du Cotentin" "Les Clôtures du Cotentin", une entreprise établie dans l'ancienne gare de Lestre-Quinéville, est née de l'entreprise de clôtures en béton que M. Savoye avait créée à Cosqueville. Devenue société en 1955, date à laquelle elle s'est établie à Lestre, "Les Clôtures du Cotentin" sont connues pour leurs fabrications de barrières en béton, mais, diversification oblige, l'entreprise fabrique également des éléments d'adduction d'eau et des petits produits comme les bordures de jardin...

Elle diversifie aussi son type de clôtures puisqu'elle en produit en métal et en bois. Le rayon de commercialisation des produits de Lestre s'étend principalement au Nord-Cotentin et de façon plus diffuse à l'ensemble du département de la Manche. La société couvre également le Calvados par le biais de filiales. "Les Clôtures du Cotentin" emploient 18 salariés. De cet effectif, un seul ouvrier habite à Lestre.

L'huître de Lestre Sur la zone conchylicole établie en 1985-86, une dizaine d'ateliers se sont installés avec chacun leur bassin de décantation pour huîtres. Mise à part une entreprise de commercialisation qui emploie 15 salariés, les autres ostréiculteurs sont des "fermiers de la mer", comme M. de Longcamp par exemple, dont la concession produit entre 70 et 100 tonnes d'huîtres par an: une exploitation familiale qui fonctionne avec 5 personnes, lui-même, son épouse et trois salariés. On y fait du "gros", c'est-à-dire que les huîtres sont livrées à des ostréiculteurs-expéditeurs de Charente ou de Vendée (80% de sa production, le reste étant destiné aux ostréiculteurs de la Manche et à la vente au détail aux restaurateurs et poissonniers de la région). L'huître de Lestre existe-t-elle? Long débat avec les producteurs de la Baie des Veys pour savoir laquelle de Lestre ou de Sainte-Marie-du-Mont est les plus fine... De Saint-Vaast-la-Hougue aux Veys, la Côte Est produit 12 000 tonnes d'huîtres par an.

DROITS DE TANGUE La tangue, c'est le sable gris à la délaisse de mer. C'est un amendement très équilibré pour les terres, réunissant du calcium, des oligo-éléments, du magnésium, très riche, améliorant la structure du sol en l'allégeant. Autrefois, entre le varech et la tangue, c'était un ballet incessant de banneaux attelés entre la mer et le plateau. Le droit de tangue remonte au moins au Moyen-Age: tous les habitants de la paroisse et même au-delà pouvaient profiter de cette manne. C'est, semble-t-il, l'administration qui, progressivement, a réduit ce droit aux seuls agriculteurs. Ils sont 6 aujourd'hui à pouvoir en profiter à Lestre. Comment cela fonctionne-t-il? L'exploitation se faisant sur le domaine public, il faut un permis. La demande se fait en mairie. Un arrêté est pris. Exemple: Pierre Godefroy, éleveur à la Cour de Lestre, était autorisé pour l'an 2000 à prélever 30 m3 de sable tangueux qui voulait prendre en trois opérations. Le permis étant valable un mois, il a dû avertir la DDE (le service de l'Equipement à Saint-Lô, service d'Etat) quatre jours ouvrables à l'avance. Il est allé chercher son sable devant la zone ostréicole. Plus de chevaux de trait tirant un lourd banneau, mais ceux d'un tracteur solide armé d'une pelle, avec sa remorque à hautes parois métalliques. "Aujourd'hui, explique Pierre Godefroy, on utilise la tangue en sous-couche dans les stabulations sous la litière de paille des vaches. C'est sain puisqu'une fois séchée, elle absorbe les jus de fumier, et c'est confortable pour les animaux". A l'enlèvement, ça fait un bon engrais.

COUP DE GUEULE: LA SINOPE PASSE TROP SOUVENT LES BORNES! Les inondations de la Sinope sont de plus en plus fréquentes. Fernande Lebarbanchon, qui exploite une ferme laitière près de son cours, sous la chapelle Saint-Michel, et ses parents qui habitent au moulin, ont parfois les pieds dans l'eau. Pourquoi ces crues à répétition? Un des éléments de réponse est certainement du côté de l'évolution de l'agriculture. De plus en plus de surfaces sont destinées à la culture du maïs: l'eau y ruisselle. En même temps, diminuent les haies et leurs talus dont le rôle est justement de retenir l'eau et de la filtrer par les racines vers les nappes souterraines. Le phénomène écologique est important, avec, en début d'année 2000, une crue exceptionnelle à la suite de la tempête de fin 1999.