Normandie Web : Feugères | |
Région : Basse-Normandie ||
Département : Manche ||
Canton : Périers ||
Habitants : 303 ||
Auteur : Matthieu Gazeau - matthieu.gazeau@wanadoo.fr Curiosités : |
[Texte paru en 1984, à partir de notes de juin 1936, dans le journal communal "Le Pressoir", avec l'aimable autorisation des enfants de Monsieur Harivel.]
"Pour la nuit du lundi 5 au mardi 6 juin, nous nous sommes couchés aussi tranquilles que les autres soirs, malgré le passage d'avions peut-être plus nombreux que les jours précédents. Dès les premières heures du matin, un roulement continuel se fait entendre dans le lointain, accompagné de lueurs semblant se situer dans la région de Carentan, tout cela accompagné d'un nombre considérable d'avions. Que se passe-t-il ? Est-ce le débarquement attendu depuis si longtemps ? des bobards de toutes sortes vont bon train.
Nous avons la certitude dans le courant de la journée qu'il s'agit bien du débarquement. Nous apprenons aussi que des bombes ont été
larguées sue Saint-Lô et Coutances le 6, et le 7 juin.
Le samedi 8, c'est le tour de Périers, et le 17 juin a lieu le premier mitraillage de la bourgade.
Le jeudi 29 juin, les premiers réfugiés nous arrivent.
Les 3 et 4 juillet, nous faisons connaissance avec la guerre, les premiers obus fusants tombent sur la localité.
Le 7 juillet, la scierie brûle.
L'après-midi, c'est le carrefour de l'école qui est visé, faisant deux blessés qui sont évacués sur l'hôpital de Savigny. Le soir, vers 7h., de
nouveaux tirs d'artillerie ; cette fois, c'est le cimetière qui est touché, ainsi que le monuments aux morts, les vitraux de l'église et quelques
maisons du voisinage.
Les 12, 13 et 14 juillet, les premiers feugériais prennent la route de l'exode et le 23, ordre est donné par les Allemands de partir. Feugères se
vide de ses habitants.
Le très violent bombardement du 24 juillet cause de très gros dégâts à plusieurs maisons du bourg, dont le presbytère, et la destruction presque totale de l'église -sa voûte, sa toiture ainsi que celle du clocher, qui entraîne dans sa chute la grosse cloche de 1600 Kgs ("Clotilde"), qui termine une carrière de 84 ans, en morceaux, sur le dallage de l'église. Les feugériais doivent attendre les premiers jours du mois d'août pourrentrer au logis, si celui-ci n'a pas été détruit."
René Harivel
[Note du Rédacteur : libellé d'une affiche apposée par les autorités allemandes en vue d'évacuer la zone de Feugères. Je n'ai pas pris la responsabilité d'améliorer la traduction parfois maladroite. Cette affiche ne concerne pas que Feugères : les communes évoquées dans ce document appartiennent aux cantons de Périers (Feugères), Saint-Sauveur-Lendelin et Marigny pour les autres. ]
"Avis à la population.
Par mesure de sécurité pour la population civile, toutes les localités proches de la zone de combat entre Marigny et Mesnilbus sont évacuées.
Par zone de combat, il est à comprendre le secteur situé au nord de la ligne du Mesnil-Amey, Hauteville-la-Guichard, Le Mesnilbus, Saint-Aubin du-Perron (toutes ces localités incluses).
La population est invitée à partir volontairement jusqu'au 23-7-44 à 22 heures, et à s'établir chez des parents et des connaissances en dehors de cette zone.
Tous les biens transportables ainsi que le bétail sont à emporter ; le bétail doit être ramasser sans exception jusqu'au sud de la ligne Saint-Lô-Coutances.
L'évacuation ne peut se faire que de jour sur les routes suivantes : Mesnil-Eury, Montreuil-sur-Lozon, Marigny, Feugères, Hauteville-la-Guichard, Cametours et les chemins conduisant à ces routes avec effet du 25 à 12 heures. La zone en question sera évacuée dans les 2 heures à partir de ce moment.
Il sera interdit tout bien et tout civil rencontré dans la zone de ce combat après ce dernier délai sera arrêté.
Le 22-7-44 à 7 heures,
Der Militarbefehlshaber."