icotit picture Normandie Web : Exmes
Région : Basse-Normandie || Département : Orne || Canton : Exmes || Habitants : 343 || Auteur : Jacques Lorphelin - uxoma@club-internet.fr

Curiosités :

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La Mairie.

La Mairie actuelle a été construite vers 1890 sur l'emplacement de l'ancien Bailliage. Ce bâtiment avait été édifié ou plutôt réédifié au début du 17° siècle avec les pierres provenant de l'ancien château. C'était le siège d'une juridiction importante dont le ressort s'étendait jusqu'aux faubourgs de Caen. Supprimé sous la Révolution en 1792, le Bailliage devint le siège de la Justice de Paix, de la Mairie et abrita également une école jusqu'à sa démolition totale un siècle plus tard. Le bâtiment actuel de la Mairie ne mériterait pas une attention particulière s'il ne portait pas, sculptées sur son fronton, les armoiries de la Ville qui se lisent: « d'azur à deux lévriers rampant d'or, allant l'un vers l'autre, la tête retournée et le cou passé dans le même collier ». Ces armoiries rappellent la fidélité ( symbolisée par les lévriers ) des habitants au roi et leur solidarité ( le collier ) pour se défendre contre les attaquants. La tradition rapporte qu'un roi de France se serait écrié à un moment ou la cité était particulièrement exposée: «Mes chiens d'Exmes sauront bien la défendre !»

Le site de l'ancien château.

On peut faire le tour à pied de l'ancien château-fort en empruntant le chemin situé juste derrière la Mairie dit «Chemin des Tours» qui longe les fossés taillés à main d'homme, sans doute à l'époque romaine, et convertis en jardins dès le 17° siècle au moment de la destruction de la forteresse. Il ne reste aujourd'hui aucune trace visible de ces fortifications dont l'aspect devait être assez proche ce celles du château de Falaise. De forme triangulaire d'environ 100 à 120 mètres de coté, le plateau était entièrement clos de murailles percée d'une seule porte fortifiée au sud elle-même précédée d'un pont-levis enjambant le fossé. Cette porte donnait sur une Basse-Cour abritant la maison du Bailli, des granges, des écuries et un jardin potager. On devait ensuite franchir un nouveau fossé avant de pénétrer dans l'enceinte du donjon qui, à la pointe nord du plateau, dominait de ses 30 mètres la plaine d'Argentan. Les fouilles entreprises ont permit de déterminer qu'il devait ressembler assez fortement au donjon de Chambois que l'on peut toujours voir presque intact à environ 7 kms et qui était une défense avancée de celui d'Exmes. Il est probable que ces deux donjons ont été construits à la même époque au 12° siècle par le même maître-d'oeuvre.
L'emplacement du donjon est en partie occupé par la chapelle Saint Godegrand-Sainte Opportune ( voir supra le § consacré à l'église ) édifiée entre 1879 et 1888 dans le style roman et qui fut pendant près d'un siècle le but d'un pèlerinage annuel le lundi de la Pentecôte. Devenu propriété privée, le site n'est malheureusement plus accessible.

L'ancien prieuré de Bénédictines

Seul monument remarquable du Faubourg, il fut fondé en 1627 sur les ruines de l'église Notre-Dame de la Place construite au début du 12° siècle par le roi d'Angleterre Henri I°. Supprimé sous la Révolution en 1792 après expulsion des 12 religieuses qui s'y trouvaient, les bâtiments furent vendus comme bien national et en grande partie démolis par l'acquéreur. Le reste fut alors affecté à la Gendarmerie qui y restera pendant presque un siècle. Aujourd'hui transformé en appartements, les deux ailes subsistantes représentent moins d'un quart des constructions d'origine. On peut toutefois encore apercevoir à l'arrière une des fenêtres bouchées de l'ancienne chapelle.

L'alcôve royale ou lit de justice.

Pour terminer, j'évoquerais une oeuvre monumentale tout à fait singulière chargée de près de cinq siècles de l'histoire d'Exmes.
Sans doute commandé en 1462 à l'occasion de l'accession du frère de Louis XI au trône ducal, cette alcôve en chêne sculptée de fenestrages gothiques et de fleur de lys fut placé dans la grande chambre du donjon et servi jusqu'à la démolition du château à héberger les hotes de marque de la cité. Il fut alors installé dans la salle d'audience du Bailliage et servi de dais au fauteuil du Président de la juridiction. A la Révolution, le meuble fut démonté et transporté au Manoir d'Argentelles tout proche. En 1882, il fut acheté aux descendants du propriétaire du manoir par le riche amateur Edmond Foulc qui l'installa avec le reste de sa collection dans son hôtel particulier parisien. Pour admirer aujourd'hui ce mobilier d'apparat remarquable tant par son ancienneté que par la richesse de sa décoration et la finesse de son exécution, il vous faudra aller ... aux États-Unis. En effet, l'alcôve royale d'Exmes fut achetée en 1930 avec une grande partie de la collection Foulc par le Philadelphia Museum of Art ou il figure désormais en bonne place.