icotit picture Normandie Web : Commeaux
Région : Basse-Normandie || Département : Orne || Canton : Argentan || Habitants : 130 || Auteur : Auguste Beauvais, Gilbert Benoist, Armand de Mareüil - gilbenoist@compuserve.com

Curiosités : Manoir (15e s.)


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Du latin «Cum aquiis», avec des eaux.

Eglise de Commeaux Château de Commeaux Commune de 637 hectares, 130 habitants, Commeaux est un joli village situé à l'extrême limite de la plaine d'Argentan, sur l'Houay, petit affluent de l'Orne, à l'altitude de 189 mètres.
On y relève plusieurs édifices anciens de caractère: En premier lieu le château, manoir du début du XVIème siècle, avec des ailes en équerre dont la grande branche constitue la façade principale et est flanquée à chaque angle d'une toiture pyramidale très élancée. L'une des chambres aurait logé Henri IV en1589. Notons également un manoir fortifié, prieuré des moines Prémontrés entre les XIIème et le XVIème siècles ainsi qu'un ancien moulin, le moulin de Quincampoix, cité dans un acte de 1366. L'église a été bénie le 16 Juin 1697.
Trois haras existent à Commeaux où plus de 300 chevaux sont élévés ou entrainés.

La Préhistoire

Il est possible d'affirmer que Commeaux est au centre d'une très importante et vaste région habitée par l'homme depuis les temps les plus reculés. Plusieurs milliers d'outils préhistoriques ont été collectés. (Il est possible de les voir dans les collections de MMrs Beauvais et Lorren.)
Quelques stations paléolithiques (bifaces et racloirs) et une bonne vingtaine de sites néolithiques (haches taillées et polies, flèches) ont été répertoriés. Il nest pas rare de trouver des fragments de poterie sigillée qui indiquent la continuité de l'occupation du site après la préhistoire.

Histoire

La position géographique de Commeaux l'a souvent placé au carrefour de l'histoire.
Le village a probablement été occupé par les Celtes.
A la bataille d'Hastings en 1066 un Guillaume Carbonnel de Bréveaux était aux côtés de Guillaume le Conquérant. On retrouve son fils, Guillaume de Bréveaux, en 1096 accompagnant Robert Courteheuse et Godefroy de Bouillon lors de la première croisade en Palestine.

La Bataille des Gauthiers.

Carte Bataille La bataille des Gauthiers a fait plus de 3000 morts le 22 Avril 1589 sur les communes de Nécy, Ronai et Montabard communes limitrophes de Commeaux. C'est le 23 Avril que les 1500 survivants se sont rendus à Commeaux aux troupes royales commandées par le général Duc de Montpensier.
Les Gauthiers étaient dans leur grande majorité des paysans qui, depuis 1584 à La Chapelle Gauthier dans l'Eure, avaient commencé à s'organiser en groupe d'auto-défense pour défendre leurs fermes contre les pillages dont ils étaient victimes de la part de mercenaires à la solde du roy de France Henri III. Ces mercenaires avaient été embauchés pour mater la rebellion de notables extrêmistes catholiques, "les Ligueurs".
Falaise avec son château fort est une place forte des ligueurs, Cossé-Brissac est leur chef.
Le 18 Avril 1589, le siège est mis devant Falaise par les troupes royales du général de Montpensier.
Par l'intermédiaire des ligueurs d'Argentan, Cossé-Brissac obtient l'accord des Gauthiers, beaucoup sont de la région de Gacé, pour attaquer les troupes royales par derrière. Pendant plusieurs jours les Gauthiers se rassemblent à Pierrefitte sur les communes de Nécy et Ronai. Ils sont environ 5000 hommes. Prévenu de ce rassemblement, le Duc de Montpensier, le 22 Avril très tôt le matin, lève le siège de Falaise et encercle les Gauthiers rassemblés à Pierrefitte. La bataille fait rage toute la journée; les troupes royales sont mieux armées, les Gauthiers, malgré leur courage seront submergés par les troupes royales. Ils laisseront plus de 3000 morts sur les communes de Nécy, Ronai et Montabard; la cavalerie des ligueurs était à Occagnes, à 4 kilomètres, elle n'est pas intervenue, laissant massacrer les Gauthiers.

C'est grâce aux recherches de M. Josson, d'Argentan, que nous avons pu commémorer le 22 Avril 1989 le 400ème anniversaire de cette bataille et sortir de l'oubli les Gauthiers, ces hommes courageux qui ont été abandonnés en plein combat par ceux qui les avaient engagés et qui sont morts pour une cause qui n'était pas la leur. (Texte de M. A. Beauvais, Maire de Commeaux)

1944 La libération de Commeaux

Poche de Commeaux La route nationale 158 Caen-Le Mans traverse la commune de Commeaux de Nord au Sud.
Dès le 6 Juin1944, jour du débarquement allié en Normandie, cette route est devenue l'axe principal des renforts et du ravitaillement de l'armée allemande opposée aux troupes alliées débarquées.
Les avions alliés attaquaient systématiquement tous les véhicules sur la route.
Après la perséee de Patton à Avranches et l'arrivée des Américains et de Leclerc à Argentan et des Anglo-Canadiens et Polonais à Falaise, les 5ème et 7ème armées allemande soit 20 divisions sont menacées d'encerclement. Du 12 au 20 Août la majorité de ces troupes sont passées par Commeaux, attaquées par l'aviation et surtout l'artillerie alliée.
Le village de Commeaux a été libéré le 20 Août par les Anglais.
La presque totalité des maisons n'ont plus de toiture ou sont très endommagées par les obus et les bombes. La mairie-école est brûlée, l'église est découverte et le clocher est détruit.
Le maire, M. Aubert, après avoir fait une étude d'après les impacts, a estimé qu'il est tombé environ 8000 obus sur la commune de Commeaux sans compter ceux qui éclataient avant de toucher le sol. 64 grosses bombes sont tombées sur le territoire de la commune auxquelles il faut ajouter les plus petites lachées par les chasseurs bombardiers.
L'électricité et le téléphone n'ont été rétablis que 18 mois après la libération.
Le clocher de l'église et la mairie-école ne furent reconstruits quen 1952 et 1953.

Voici le texte d'une délibération du Conseil Municipal de Commeaux en date du 23 Décembre 1944 qui prouve le désarroi des habitants, quatre mois après la libération au début d'un hivers qui fut particulièrement froid : «Le Conseil Municipal réuni ce jour à la pseudo-mairie demande à M. le Préfet de venir visiter la commune dans le plus bref délai. Les demandes faites jusqu'ici n'ayant abouti à aucun résultat, nombre de maisons endommagées ne peuvent être réparées faute de matières premières. Confiant dans le gouvernement du Général de Gaulle, espère obtenir satisfaction. Fait et délibéré, les jours, mois et an ci-dessus.»

Les Commeaux du Canada.

Le village de Commeaux est sans doute à l'origine des nombreux patronymes de Commeaux. Une importante colonie de COMEAU habite au Canada; M. Jacques Comeau au Québec nous fait part de ses recherches : Commençons avec la fin du moyen-âge où nous avons recensé des COMIEL en Normandie, un COMEAU latiné qui changea pour COMMEAUX puis vint Herbert en 1348 avec QUOMIAUL, puis COMIAUL et finalement COMEAU à Pouilly-en-Auxois.
Ceux de Saône et Loire optèrent pour un COSMEAU avec le "s" muet prononcé COMEAU. Ce fut la norme jusqu'au XVIIIème siècle où l'on rencontre des COMEAUX en 1705, suivi de COMEAU et COMMEAU, ces deux dernières formes sont encore les plus utilisées en France aujourd'hui ainsi qu'au Canada, mais on rencontre quelques COSMEAU (assez rares) qui tiennent encore à leur "s".
On trouve en Acadie un Pierre Commeaux, probablement illettré. La première écriture est, au recensement de 1671, COMMEAUX, en 1678, COMMAU, puis COMMEAUX et COMO en 1686. Sur le serment d'allégeance de 1695, c'est encore COMMEAUX qui y figure. Sur les registres de paroisse de la première moitié du XVIIIème siècle en Acadie, on voit COMMAUX, COMEAU,COMO, COMAU, COMMO et COMOT. Les notaires y vont des leurs avec COMMAU, COMEAU, COUMAU et COMMEAU sur le même acte et au XIXème siècle COMMEAULT, COMMEAU, COMEAU, et COMAU y apparaissent.
Les orthographes varient au XIXème, pour se fixer sur COMEAU. Les recherches avec le village de Commeaux en Basse-Normandie sont toujours en cours. (contacter jacomeau@sympatico.ca).