Les avantages de Cherbourg, placée entre deux raz, au milieu de la Manche, sur la route des vaisseaux qui y naviguaient, et non loin des îles anglaises, n'étaient plus à démontrer depuis longtemps.
Vauban estimait que Cherbourg était d'une importance considérable pour ceux qui s'en rendaient maîtres. Or, il était facile de le faire.
Fin 1688, Louvois avait décidé le roi à faire raser toutes les fortifications de la ville, contre l'avis de Vauban.
Située à 6 lieues de la Hougue et à 28 de Portsmouth, Cherbourg a cependant bénéficié en 1737 d'une ordonnance stipulant qu'un port conséquent devait y être formé.
Au milieu du siècle, on pensait que si une place-forte y était établie, il faudrait des défenses supplémentaires dans la région : un fort à Quinéville pour 800 hommes qui serait le lieu de retraite de tous les postes de la côte, le fort de la Hougue amélioré pour accueillir 300 hommes, et l'île de Tatihou qui pourrait loger 500 hommes. A Cherbourg, deux forts, l'un pour 200 hommes à la redoute de Tourlaville et l'autre pour 300 hommes à la pointe du Hommet, seraient indispensables.
Le capitaine de vaisseau de la Bretonnière conçut la digue dans ses grandes lignes. Il prévoyait d'immerger à 20 mètres de profondeur et au large, sur 4 km de long, 90 gigantesques cônes bourrés de moellons et de mortier. Malgré les ravages de la mer, peu à peu, une sorte d'île artificielle se constitua. La digue fut enfin construite.
Les travaux commencèrent en 1783 mais s'interrompirent à la Révolution et ne furent terminés qu'en 1853. Le port militaire, commencé sur l'ordre de Napoléon Ier, fut inauguré en 1858 par Napoléon III.
Les manuscrits de Jean-Jacques du Portal révèlent un projet plein de logique mais aussi d'orgueil : la France voulait montrer ce dont elle était capable en matière d'urbanisme moderne et surtout de puissance militaire. Elle cherchait à surmonter le très ancien complexe qu'elle éprouvait face aux Anglais.
C'est Cherbourg qui lui a permis sur le tard de le faire, mais plus modestement que prévu.
Saint-Vaast reste le "village" de pêcheurs qu'il a toujours été.
De son histoire, de ces projets, seules restent quelques fortifications et deux tours qui embellissent le paysage, font la joie des amateurs, et rappellent à qui veut et sait les écouter, que Saint-Vaast aurait pu être le plus grand et le plus beau port militaire et commercial de France.
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Saint-Vaast-la-Hougue - Histoire
1756 ||
Jean-Jacques du Portal ||
projets de port ||
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la guerre de Sept Ans (1756-1763) ||
destin ||
moins glorieux que Cherbourg ||
Bibliographie pour l'histoire de Saint-Vaast