LE DEVENIR DE LA HOUGUE ET DE TATIHOU
Pendant les hostilités, on fortifia un peu plus la Hougue. Le projet d'un port vécut encore quelque temps mais l'endroit retomba dans "l'anonymat" et au XIXème siècle, c'était toujours une garnison.
En 1757, les dépenses pour les fortifications de Basse-Normandie se montèrent à 71599 livres dont 8743 pour la Hougue. Mais sur ce total, en décembre 1758, seule la somme de 47627 livres avait été effectivement versée.
A cette date, les ingénieurs n'avaient toujours pas été payés pour 1757 et les autres dépenses (défense des côtes, ports de commerce, arsenaux) étaient fortement réduites. Les ingénieurs des Fortifications furent alors obligés de travailler sans crédit en 1759.
Puisque l'Etat ne pouvait plus faire face, ce sont les entrepreneurs qui avancèrent les fonds pour fortifier la Hougue et d'autres places stratégiques du Cotentin. C'est ce que fit celui de la Hougue en 1758 et 1759. De même, en 1786, après le passage d'un ouragan, un entrepreneur avança 6000 livres pour commencer la réparation du Sillon, endommagé sur près de 30 mètres. Pourtant, les travaux avaient été approuvés par le Génie, mais les fonds n'avaient pas été débloqués.
La situation sera la même pendant les décennies suivantes. Dans la majorité des cas, il s'agissait de réparer ou remplacer la couverture et les serrures des bâtiments. En l'an XIII, le magasin des Fortifications du fort de la Hougue doit être évacué tant il tombe en ruines. 24 francs suffiraient pourtant à le réparer.
Vers 1853, on établit sur l'îlet un réduit conçu pour 80 hommes au maximum, qui correspond à l'édifice actuel.
L'île de mer de Saint-Marcouf ne fut fortifiée qu'au début du XIXème siècle.
L'île de Tatihou, au cours du XIXème siècle, a connu une activité partagée entre les travaux, les exercices militaires et les allées et venues d'une centaine de soldats et fonctionnaires civils qui y résidaient.
Le lazaret devint un parc d'artillerie et la tour un magasin à poudre, au début de la période révolutionnaire.
A partir de 1860 des dépenses sont inscrites pour réaliser une véritable enceinte autour de la ferme retranchée.
Progressivement abandonné au cours du siècle, le lazaret ne s'impose plus vers 1880.
Mais les locaux étaient convoités depuis plusieurs années par les naturalistes, en raison de la richesse algologique de Tatihou. En 1831, Alphonse Milne-Edwards et son épouse, après avoir exploré Granville, vinrent à Saint-Vaast et y élaborèrent un inventaire de la faune et de la flore. Dans leur sillage, de nombreux chercheurs prirent le chemin du Cotentin.
Le 16 juillet 1888, le laboratoire maritime de l'île de Tatihou est créé.
Mais au cours de la première guerre mondiale, l'île devint un lieu d'enfermement : le fort et le lazaret "accueillirent" des prisonniers civils autrichiens et allemands. Les bâtiments ne furent alors plus entretenus. De fait, en 1923, le laboratoire émigra dans les locaux de l'arsenal de Saint-Servan avant de s'installer en 1935 à Dinard.
En 1926, les locaux furent attribués à une colonie de vacances, "l'ermitage de Tatihou", réservée aux enfants chétifs.
Evacuée pendant la seconde guerre mondiale, l'île fut à nouveau occupée dès 1948 par un centre de rééducation pour jeunes "perturbateurs", du moins en difficulté. Il ferma ses portes en 1984.
L'île est depuis 1992 un lieu de promenade à vocation éducative, culturelle et touristique.
En effet, les travaux de réhabilitation de Tatihou ont été engagés par le Conseil Général de la Manche en 1990 pour s'achever en 1994. Le 5 juin 1992, à l'occasion du tricentenaire de la célèbre bataille, a eu lieu l'inauguration du site.
Le groupe ornithologique normand gère la réserve d'oiseaux marins, migrants ou résidents. Un petit jardin présente les principales plantes du littoral (environ 200 espèces).
Mais l'un des principaux attraits de l'île est le musée maritime dont la vocation est de conserver, mettre en valeur et étudier, d'une part le mobilier archéologique récupéré sur les épaves de la bataille de la Hougue, et d'autre part les témoignages liés au patrimoine maritime des côtes de Basse-Normandie : bateaux, engins de pêche, objets de la vie quotidienne des marins.
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